Dirigeant, comment prévenir le burn-out par Mickaël ROLLAND
- Magali GUIRRIEC
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture

Manque de reconnaissance, pression mal dosée, impossibilité de se déconnecter... Le burn-out trouve ses origines dans de nombreux facteurs. Il constitue un risque organisationnel et nuit au bon fonctionnement des entreprises. Psychologue du travail et consultante, Magali GUIRRIEC estime que la prévention ne peut se limiter à des discours, elle doit irriguer chaque strate de l'entreprise.
Magali GUIRRIEC,
psychologue du travail et consultante
« Il faut cesser de penser que les personnes en burn-out sont des individus fragiles. Ce sont les dysfonctionnements systémiques qui les épuisent ».
Psychologue du travail depuis plus de vingt ans, Magali GUIRRIEC a accompagné de nombreux professionnels dans leur retour à l'emploi après un burn-out. Pour elle, la cause est rarement à chercher dans la sphère intime. Le déclencheur tient plutôt à une spirale professionnelle devenue incontrôlable.
Des facteurs multiples
Surcharge chronique, pression sur les délais, perte de sens, absence d'autonomie, climat toxique ou management déficient... Autant de signaux d'alerte qui sont connus, mais souvent ignorés. « Beaucoup de managers ne sont ni formés à la gestion humaine, ni sensibilisés aux risques psychosociaux. Or, quand on délègue sans encadrer, quand on observe sans soutenir, on place les équipes dans des impasses psychiques », détaille Magali GUIRRIEC. Cette dernière explique que l'épuisement émotionnel s'installe en trois temps. Il passe d'abord par une fatigue extrême, puis une perte de confiance et se traduit enfin par une forme de cynisme ou de dépersonnalisation. Le tout sans que l'entourage professionnel n'en perçoive l'ampleur.
La psychologue du travail note que les personnes les plus impliquées, investies et perfectionnistes sont souvent les premières à basculer. Non pas parce qu'elles sont instables, mais parce qu'elles supportent, compensent, encaissent... jusqu'à la rupture. « Beaucoup compensent un vide personnel par une implication démesurée. Mais j'ai vu des salariés solides s'effondrer simplement parce qu'ils étaient trop seuls, trop exposés, et jamais entendus », résume-t-elle.
« Le burn-out est prévisible »
La prévention s'ancre dans la réalité du terrain. Elle commence par une vigilance constante aux conditions de travail. La souffrance prend racine dans les détails et des outils de travail non- performants, un bureau vétuste, un environnement bruyant ou anxiogène peuvent constituer des éléments déclencheurs : « Si vous êtes responsable de paie, que votre outil informatique est dysfonctionnel chaque mois et que personne n'intervient, alors oui, le burn-out est prévisible.»
Rares seraient les dirigeants à développer une culture de la prévention sur ces sujets. Par ailleurs, Magali GUIRRIEC rappelle que la crise sanitaire a mis en lumière les vertus de certaines pratiques, à l'instar de la déconnexion. Savoir éteindre son téléphone, couper l'ordinateur, sanctuariser ses soirées et ses week-ends sont autant « d'actes simples et puissants ».
Prévenir, c'est aussi accepter que le travail s'adapte aux individus et non l'inverse. La spécialiste plaide notamment pour que les jeunes soient sensibilisés dés leur entrée dans la vie active à l'importance de l'équilibre personnel. Les salariés plus âgés, eux, ne peuvent être soumis aux mêmes exigences qu'à 30 ans sans tenir compte de l'évolution naturelle de leur énergie ou de leurs priorités. Ainsi, la prévention du burn-out ne se résume pas à des slogans mais se manifeste dans les actes. Elle s'incarne dans un management présent, une écoute attentive, une clarification des attentes et une reconnaissance réelle du travail accompli.
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